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Raphaël Fabbri (ENSA-PB)

 

Mattia Leone (Université Federico II – DIARC)

 

 

Ce workshop, en partenariat avec la faculté d’architecture de l’université Federico II à Naples, inverse le rapport entre « projet » et « construction », tel qu’il est habituellement pratiqué dans les écoles d’Architecture. Au lieu de développer une intention et un propos, puis de se demander quelle solution technique convient le mieux, cet enseignement part du système constructif pour explorer ses possibilités, tant en termes de capacités architectoniques que d’applications techniques. Le matériau choisi est le Béton Fibré à Ultra-Hautes Performances (BFUP), système constructif très jeune à l’échelle de l’histoire de la construction (première réalisation en 1997), dont le langage architectural et les domaines d’application restent encore à explorer. Dans ce genre d’exercice, nécessitant une pensée synthétique et une recherche itérative, les étudiants en Architecture sont très efficaces et mieux préparés.

Le workshop s’organise en deux phases : une première semaine à Naples, où les étudiants développent leurs projets en groupes binationaux, et une semaine à Paris où les projets sont coulés à l’échelle 1/1 ou parfois à échelle réduite. Les trois échelles à explorer sont « le concept structurel », « le composant de bâtiment » et « le mobilier ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vidéo réalisée par Giuseppe d'Alessandro

Le relatif « retour en grâce » du travail manuel et du « do it yourself »1 est un phénomène qui dépasse le cadre des écoles d’Architecture. Recréer un lien entre le « penser » et le « faire » permet - en plus d’une meilleure compréhension des techniques - de stimuler la créativité. Comme le montre Richard Sennett 2, le geste de l’artisan n’est pas une simple action mécanique, mais un acte social et une source d’inspiration pour la conception.

Ce workshop est également l’occasion de mobiliser, de synthétiser et de mettre en pratique les savoirs acquis dans les autres enseignements du champ STA (Sciences et techniques pour l’Architecture). L’étudiant explore les possibilités du matériau et optimise son projet en fonction de critères géométriques, statiques, constructifs et fonctionnels. Il a ainsi recours à la statique pour dimensionner les épaisseurs, à la construction pour penser le coulage et la mise en œuvre des pièces et à l’informatique pour modéliser les éléments.

L’un des enjeux de ce workshop est aussi de modifier le rapport à la connaissance et à la transmission. Si les structures pédagogiques nous installent dans un rapport Enseignant/Etudiant, d’autres situations d’échanges peuvent être inventées. Le cadre du workshop permet une recherche collective sous forme de projets courts, sur des questions où ni l’étudiant, ni l’enseignant n’ont la réponse à priori. En réfléchissant collectivement, on obtient une solution qu’aucun n’aurait pu trouver individuellement. Il s’agit d’un tout autre rapport au savoir : « on s’éduque collectivement au contact de la réalité »3

1« Fais-le toi-même » en anglais, désigne l’ensemble des pratiques consistant à réaliser soi-même des objets

2Richard Senett, Ce que sait la main, 2010, éditions Albin Michel

3« Personne n'éduque autrui, personne ne s'éduque seul, les hommes s'éduquent ensemble par l'intermédiaire du monde. »  in PAULO FREIRE, Pédagogie des opprimés, 1974, éditions François Maspero

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